Gainsbourg le chanteur maudit ~ Laureline Chatriot
Dans cette rubrique musique, je me devais de parler d'un artiste que j'affectionne tout particulièrement : Serge Gainsbourg. Plus que le portrait ou la biographie d'un homme, je décris plutôt ici en quoi cet artiste me fascine... Bonne lecture !
C'est indéniable : Serge Gainsbourg est peut-être le plus emblématique des artistes français. A la fois sulfureux et provocant, c'est aussi un vrai poète, énigmatique et fascinant. Quand sa personnalité divise, les chansons et les textes sont devenus, eux, des incontournables de la chanson française et les chanteurs/groupes se disant influencés par la prose gainsbourienne sont plus nombreux qu'on ne l'imagine.
Pour être atypique, ça Gainsbourg l'est ! Il voulait être un grand peintre, il est devenu un grand auteur-compositeur-interprète. Vrai touche-à-tout, il expérimente de nombreux styles de musique et s'essaiera même un temps au cinéma et à la littérature. J'ai du mal à dater quand a commencé cette fascination pour l'homme, qui de prime abord n'est franchement pas très attirant. Je pense que bizarrement, c'est ce physique qui m'a poussé à m'y intéresser ! Cela m'intrigue, «l'homme à la tête de choux» de son surnom était un vrai tombeur, je l'ai très vite compris. Comment un homme comme lui pouvait être autant adulé et faire succomber ces femmes superbes que sont Jane Birkin et Brigitte Bardot ? En interrogeant un peu mes proches et amis autour de moi, je constate alors assez rapidement que ce qu'ils disent de lui en premier n'est pas forcément des plus flatteur : «pervers», «obsédé», «provocateur». Mais beaucoup sont forcés d'admettre que ses chansons sont, pour certaines, des classiques du répertoire et chacun connait forcément au moins une chanson de son répertoire.
Pour faire une petite rétrospective de sa carrière musicale, je commence comme il se doit par les débuts. Dans les années 60 les chansons de Gainsbourg sont teintées de rythmes latinos et de jazz, passant du mambo au cha-cha-cha, puis l'époque des yé-yé battant son plein, les guitares s'énervent et deviennent de plus en plus rock. Pour la suite ce n'est pas très compliqué, Gainsbourg a très bien compris comment faire pour durer et s'adapte aux tendances du moment : pop, rock, rock progressif, variété française, reggae, funk, rap, classique... Il y en a pour tous les goûts, d'autant plus que l'artiste, ayant très bien compris les codes de chaque style, s'amuse à passer d'un genre à l'autre sans tomber dans le cliché ou le ridicule.
Mais en fin de compte, se sont les textes de Gainsbarre qui m'ont réellement fait chavirer. Amoureuse inconditionnelle de Baudelaire, je retrouve chez lui la mélancolie et la prose du célèbre poète maudit mais également celles des autres grands poètes du même siècle dont Gainsbourg adaptera en chanson plusieurs poèmes (voir «Nuit d'octobre» de Musset). Il joue avec les mots, joue avec leurs sens et leurs formes et ses chansons ont souvent, c'est vrai, un caractère assez érotique complètement assumé qui transparait déjà lorsqu'il chante de sa voix grave si reconnaissable.
Dans les années 70 Gainsbourg évolue et sort ce qui est sûrement ses albums les plus connus aujourd'hui, avec des chansons comme «Je suis venue te dire que je m'en vais», «Variations sur Marilou», «Aux armes et caetera»... Le chanteur s'enfonce également de plus en plus dans les excès mais c'est vraiment dans les années 80 et jusqu'à la fin de sa vie qu'il va se forger le personnage de Gainsbarre, alcoolique, fumeur et vulgaire (il fera quelques apparitions télévisées qui sont restées dans les annales). Gainsbourg fascine autant qu'il dégoute. C'est cette ambiguïté que j'aime chez lui car elle cache en réalité un grand timide, un vrai poète d'une grande sensibilité.
Gainsbourg a également beaucoup écrit pour les autres et, en toute objectivité, ce sont souvent leurs meilleurs chansons ! On peut notamment citer «Les sucettes» et «Poupée de cire, poupée de son» de France Gall, «Comment te dire adieux» de Françoise Hardy, «Les petits papiers» de Régine, «Comme un boomerang» d'Etienne Daho et Dani ou encore «Tandem» de Vanessa Paradis.
Mes albums favoris sont «Le poinçonneur des lilas» et «Bonny & Clyde» car ils regroupent pas mal mes chansons préférées mais d'autres petits bijoux se cachent un peu partout !
Ma liste (non exhaustive) de chansons préférées :
- «Parce que» (reprise de Charles Aznavour)
- «Bonny & Clyde» (Bonny & Clyde)
- «Qui est in, qui est ou ? » (Bonny & Clyde)
- «L'Anamour» (Jane Birkin & Serge Gainsbourg)
- «I'm the Boy» (Love On The Beat)
- Bonus : «Je suis venu te dire que je m'en vais», un chef d'oeuvre.
Merci d'être arrivé jusque là et j'espère avoir vos retours en commentaire ! Aimez-vous aussi l'œuvre de Gainsbourg ou au contraire êtes-vous plutôt repoussé par le personnage ?