J'ai maté pour vous le film : Chungking Express ~ Monsieur S
Dans la précédente publication j'ai critiqué un film à la psychologie malsaine et violente avec Mother! . Pour cette deuxième critique, parlons d'un film hongkongais sorti en 1994, mêlant amour et métaphore : j’ai nommé Chungking Express.
Un film d'une heure et quarante minutes, réalisé par Wong Kar-Wai, au
casting restreint mais tout de même intéressant. Pour les connaisseurs du
cinéma hongkongais, nous retrouvons dans cette comédie romantique l’acteur Tony
Leung Chiu-Wai incarnant notamment l’un des protagonistes dans un des films les
plus violents de John Woo, Une balle dans la tête (j'en parlerai bientôt
lorsque je retrouverai ce film sur une plateforme). La chanteuse populaire Faye
Wong, l'actrice taiwanaise Brigitte Lin et l'acteur japonais Takeshi Kaneshiro
sont également présents.
Vous devez vous dire : « mais ce n'est pas un film totalement hongkongais ! », alors oui, le casting ne l’est pas strictement mais l’histoire se déroule à Hong-Kong et les personnages sont hongkongais.
Pour vous résumer le film en une seule phrase : il s'agit de deux histoires
où l'amour, la solitude et le chagrin sont fortement présents. Il faut savoir
que ce film est divisé en deux parties : la première partie avec Brigitte Lin
et Takeshi Kaneshiro, et la deuxième avec Tony Leung Chiu-Wai et Faye Wong.
Dans la première partie, on suit un jeune policier, intitulé Matricule 223, ayant rompu avec sa petite-amie May, après cinq ans de relation. Il passe ses nuits à téléphoner et à acheter des ananas en boîte (parce que sa copine adorait ceux-ci) et se périmant le 1er mai 1994. Vous vous dites qu’il n’y a pas de sens ? Détrompez-vous, la métaphore est bien là : il faut savoir que le gars n’est plus avec May depuis le 1er avril. Donc à partir de cette date et jusqu’au 1er mai, il achète, chaque soir, une boîte d’ananas qui périmeront le 1er mai (ce qui fait trente boites de conserve à manger, chose qu’il fera le 30 avril). Si « 223 » mange ces boîtes, c’est parce qu’il pense encore à May, bien qu’elle ne pense plus à lui. Pour lui, beaucoup de choses se périment, même l’amour. L’image des produits périmés est donc la métaphore de l’amour brisé, parce que l’amour n’est qu’une question de temps d’après le film. C’est beau, non ? C’est un peu spécial mais il y a un sens.
Ensuite le deuxième personnage de cette première partie, est une femme solitaire portant une perruque blonde et des lunettes noires. Elle fait du trafic de drogue pour des indiens mais un événement lui causera des ennuis. Arrivant à s’en échapper, c’est là qu’elle fera connaissance de Matricule 223, également solitaire malgré lui. Cette femme, débrouillarde et solitaire, se noie dans l’alcool en fréquentant un bar (avec une seule et même musique de style reggae, je reviendrai dessus plus tard). Donc pour résumé brièvement, cette partie est liée aux trois thématiques suivantes : l’amour, le chagrin et la solitude.
Pour la deuxième partie, on retrouve un autre policier un peu plus âgé, au nom de Matricule 633, sur le point de rompre avec sa petite-amie hôtesse de l’air. Le quatrième protagoniste est une jeune femme, au nom de Faye. Elle travaille dans un fast-food du quartier, près de là où vit Matricule 633. Ce policier quant à lui, une fois séparé de sa copine, parle aux objets et cherche à les consoler. Par exemple, il parle à un torchon trempé, métaphorisant le chagrin et la tristesse due à une rupture amoureuse. Vous ne voyez pas le sens ? Lorsqu’il prend le torchon, laissant tomber quelques gouttes, il lui demande de ne pas pleurer. Il le rince, le laisse sécher et l’objet ne pleure donc plus. Matricule 633, en plein chagrin d’amour, prend soin de ces objets pour qu’ils ne soient pas tristes, comme lui l’est. C’est une façon pour lui de ne pas laisser sa maison sombrer dans une ambiance mélancolique et lui avec. Alors Faye, amoureuse du policier et ayant un double des clés de son appartement, va y faire du « ménage » (dans un sens) pendant qu’il est en service, pour l’aider à oublier cette ambiance sale, vide, sombre, décolorée (et bien sûr, lui ne se doute de rien).
Je ne peux pas vous raconter le film dans les détails mais je ne vous cache
pas qu’il est rempli de métaphores et cela m’a plu, honnêtement. C’est une
comédie romantique mais très originale, à l’esthétique poétique malgré quelques
éléments américanisés (McDonald’s, Coca-Cola, la musique anglo-saxonne,
Garfield en peluche et j’en passe). D’ailleurs, en parlant de musique, il y a
un détail qui m’a irrité : Faye adore la chanson California Dreamin de The Mamas & The Papas, mais elle l’adore
tellement que la chanson est mise en boucle huit fois ! Je dis bien HUIT
fois pendant toute une partie du film ! Je veux bien qu’on ait des coups
de cœur pour les chansons, mais pour le spectateur ça devient vite agaçant.
Il y a une autre chose, toujours dans la musique, qui a attiré mon
attention, c’est que dans les deux parties les personnages ont leur propre
chanson, leur propre musicalité en somme, qui traduise leur situation. A
l’image de Faye qui adorerait aller en Californie, elle écoute la chanson California Dreamin et une autre chanson
évoquant le rêve de partir, la chanson Dreams
du groupe irlandais The Cranberries, ici interprété en chinois par Faye Wong :
c’est un choix artistique et j’aime les deux versions ! (Smiley) Sur ce
point, la musique évoque aussi des sens, un état d’esprit, et n’illustre pas
seulement l’intrigue du film.
En ce qui concerne les points esthétiques de la caméra, le film qui a été tourné la nuit la plupart du temps : cela donne un effet de lumière impressionnant pour un film à petit budget comme celui-ci (600.000 dollars seulement !). La nuit est aussi un élément poétique dans le film puisque c’est le moment où la solitude est la plus présente chez certains et la rencontre entre deux individus qui ne se connaissent pas, peut changer le cours de leurs vies. La rencontre entre le jeune policier et la femme à la perruque blonde a permis au premier de tourner la page et à la seconde de mettre un terme à son rôle de trafiquante.
La manière de filmer, de créer les plans, de suivre les déplacements des
acteurs, on a affaire à une réalisation composée d’une caméra posée sur une
épaule (comme un cameraman). Ce choix de plan n’est sans doute pas anodin
lorsque l’on sait que le film a été tourné en 3 semaines (une prouesse !).
Les plans détaillés, le fait que la caméra soit mouvante, parfois fixe, permettent
de capter l’énergie du film, des personnages, de la musique, des actions, etc.
J’ai à peu près fait le tour de la critique et j’en arrive à la note que je donnerai à ce film : 4 sur 5. C’est la première fois que je regarde un film hongkongais sans que ça ne soit un film de kung-fu. Il s’agit d’un film romantique, ayant tout de même une trame américanisée, et c’est ce qui fait un bon film. Malgré quelques défauts, ce film reste un de ces films à regarder au moins une fois dans sa vie ! Je ne me suis pas ennuyé et j’ai apprécié que ce film soit bourré de sens multiples, de métaphores liés à l’amour et à la solitude. Si ce n’était pas le cas, le film serait sans intérêt et ennuyeux.
Petite remarque : le réalisateur français Jean-Pierre Jeunet, s’est inspiré du personnage de Faye pour son personnage d’Amélie Poulain. Ayant regardé le film de Jeunet, il y a quand même des différences, ce qui est normal. Toutefois il y a une ressemblance, pas tellement dans le caractère des deux personnages mais plutôt dans l’action.
Si je vous donne envie de regarder ce film ou non, le mieux c’est d’aller voir par vous-même et qu’on discute dans les commentaires, si vous le souhaitez ! Je vous souhaite un bon visionnage, à bientôt et vive le cinéma ! 😉
Aşk 101 : le SKAM turc made in Netflix ~ Dilara.B
Aşk 101, (Love 101), est une série que j’ai découvert, il me semble, à la fin du confinement. Période où la vie nous manquait à tous, mais où personnellement la Turquie me manquait beaucoup. Cette série est donc tombée à pic, 8 épisode d’une trentaine de minutes qui m’ont fait défiler les paysages d’Istanbul dans les années 1990.
Vous pouvez trouver cette petite pépite sur Netflix, ou sur les chaines turques si jamais vous y avez accès. Tous les épisodes sont sortis en même temps en Avril 2020, donc aucune attente pour celles et ceux qui auront envie de dévorer la série d'un seul coup comme je l'ai fait (plusieurs fois d'ailleurs) ! La série fut produite par Kerem Catay et comporte 8 épisodes durant lesquels nous retrouvons les acteurs Mert Yazicioglu, Kubilay Aka, Alina Boz, Selahattin Pasali, Ipek Filiz Yazici, Pinar Deniz et Kaan Urgancioglu. Cette série réunie de jeunes acteurs, et d'autres plus anciens mais qui connaissent tous une jolie carrière dans plusieurs séries turques. Même si je suis persuadée que vous n'avez jamais entendu parler de ces acteurs, je peux vous assurer que leurs jeux sont bons. Il s'agit d'une série jeunesse, plutôt dramatique, qui mêle tout de même comédie, suspens et romantisme.
Qu’est-ce que Aşk 101? C’est l’histoire de
rencontres, d’amour, d’amitiés et de retrouvailles. Celle de 5 lycéens, Sinan,
Osman, Kerem, Eda et İşik, que tout oppose mais qui pourtant vont se retrouver
ensemble. Ils ont tous leurs personnalités, leurs soucis, leurs secrets et
pourtant un jour les voilà liés pour se sortir d’une mauvaise passe. Pour cela,
ils vont avoir une idée qui va créer une histoire d’amour entre deux personnes
du corps enseignants. Alors mise en scène ou réelle coup de foudre ? C’est là
toute la question, et cela représente également un enjeu crucial. Une
certitude, on s’attache à ces personnages qui nous font rire, douter, parfois
pleurer et qui nous ouvrent les yeux sur cette période si fragile et cruciale de
l’adolescence. Problème de violence, de comportement, d'alimentation etc. On
voit se poser des questions sur la fragilité psychologique, mais aussi sur
l'abandon des parents. On y découvre les premiers émois amoureux, mais aussi
les soucis de réputation. Ces quatre adolescents testent les limites, leurs
limites et celles des autres, nous plongeant avec eux dans leur projet fou. Et
contre toute-attente, ces jeunes qui ne s'appréciaient pas, vont finir par
tisser des liens forts au fur et à mesure de l'histoire. Kerem, Eda, Sinan, İşik
et Osman, vont devenir amis et se battre ensemble pour prouver qu'ils ne sont
pas des moins que rien. On les voit changer, évoluer, tomber amoureux etc. Arriveront-ils
à éviter le pire ? C'est ce que vous pourrez découvrir !
Cette série c’est aussi l’envie de se retrouver, après des années de séparation, celle que l’on éprouve parfois lorsque l’on veut se retrouver avec certaines personnes. Il s’agit là du genre de personne avec qui on a vécu des moments forts. Des moments de joie, de tension ou de malheur. Et c’est exactement ce que va faire İşik. Je ne vous relèverai rien d’autre que les premières minutes, ces minutes où elle remonte le temps. Et avec elle nous remontons le passé pour y découvrir comment ces amitiés sont nées. Ces 5 ados, ces rebelles, ces vauriens, ces génies, vont nous faire vivre leurs aventures, leurs amitiés, leurs amours et leurs emmerdes.
Si je devais vous donner 3 raisons de regarder cette série, cela serait les suivantes :
- C’est une série sans prise de tête, le suspens n’y est pas fort et pourtant on a hâte d’en découvrir plus à chaque épisode. On est entrainé dans leurs histoires, et on dévore les 8 épisodes d'un coup.
- Je suis persuadée que vous aurez un petit chouchou (n’hésitez pas à nous le dire) et que vous vous attacherez à lui au point de vouloir en découvrir davantage. Personnellement, je me suis très vite attachée à Sinan, vous le découvrirez peut-être, mais c'est un personnage qui malgré son caractère particulier fait que l'on s'attache à lui, qu'on s'inquiète et qu'on l'aime.
- Et enfin (cet argument n’est absolument pas objectif et pourtant c’est lui qui me tient le plus à cœur), vous y découvrirez la magnifique ville d’Istanbul, sa manière d’y vivre, sa population. J'ai la chance d'être à moitié turque, et d'avoir l'occasion depuis 23 ans de vivre quelques mois de l'année dans cette ville qui mêle modernité, histoire, tradition, chaleur et magie.
Pour en finir avec cet article sur Aşk 101, je vous conseille fortement de la regarder en VO. Si cela peut paraître étrange quand on n’a pas l’habitude des séries turques, je suis tout de même partie prenante à 100% de toutes les VO. Cela apporte une richesse supplémentaire au contenu. La fin de la saison est forte en émotions, et cela serait mentir que de dire que je n'attends pas la prochaine saison avec impatience. La saison 2 a été reculée pour 2021 suite à une polémique entre le gouvernement turc et Netflix. Mais, d'après les informations, photos, etc que les différents acteurs ont pu publier sur leurs profils Instagram (que je suis avec assiduité, je l'avoue), le tournage serait fini.
Le dernier épisode nous laisse dans le mystère le plus total, et je vous avoue que l'attente de cette deuxième saison est compliquée. Je vous invite également à nous faire part du moment qui vous a le plus plu, marqué ou fait pleurer ! Le mien m'a fait pleurer à un moment où je ne m'y attendais pas. Ne vous inquiétez pas, je ne vous dirai pas lequel avant que vous ne découvriez vous-même la série ! J'espère que vous sauterez le pas, et que vous plongerez dans cet univers. Ask 101 est une série réaliste à laquelle il est facile de s'identifier et d'y plonger. Alors je vous invite à plonger dans cet Istanbul des années 1990 ! J'espère que vous vous attacherez aux personnages, et que vous viendrez partager avec moi vos avis sur la question !
Antoinette dans les Cévennes : "A Journey of One's Own" ~ Jessica Ravuz
Si on ne va pas chercher plus loin, on tient là un pitch à haut potentiel humoristique, avec la très très drôle et finement expressive, Laure Calamy, qu'on retrouve d'ailleurs dans le même rôle d'amante un peu trop passionnée dans l'excellente série Dix pour cent de Fanny Herrero.
Mais une toute autre approche se dessine derrière cette amorce vaudevillesque.
Une comédie de boulevard revisitée
C'est l'histoire d'Antoinette, professeure des écoles quadragénaire, amoureuse de Vladimir, homme marié et père d'une charmante petite fille, élève de la classe d'Antoinette. Ils s'aiment en secret sans que rien ne soit venu troubler leur idylle. Mais à l'heure des vacances scolaires, Vladimir annule au dernier moment le séjour prévu avec son amante pour faire une randonnée d'une semaine dans les Cévennes, avec sa femme, sa fille et un âne. Empreinte au désespoir, elle décide de partir elle aussi pour un séjour dans les Cévennes, provoquant au passage l'exposition au grand jour de sa relation avec Vladimir.
Caroline Vignal prend complètement le contrepied des tropes du vaudeville et des codes scénaristiques de la comédie romantique. Avec pour toile de fond le récit de voyage de Robert Louis Stevenson (qui s'était isolé pour des raisons similaires à Antoinette), la réalisatrice de Les autres filles (récit d'apprentissage féminin) sorti en l'an 2000, nous livre ici le magnifique portrait d'un personnage féminin en recherche d'acceptation de soi et de capacité à accueillir avec bienveillance ses désirs et besoins les plus profonds.
Antoinette part sur les chemins de
l'émancipation et de l'indépendance : indépendance vis-à-vis d'une société
hétéro-patriarcale qui à travers le regard des hommes et femmes qui
l'entourent, tente de lui dicter la marche à suivre et lui fait porter le
fardeau de son rôle d'amante illégitime. Nous la suivons durant tout le film,
aux côtés de son âne Patrick, seul ami, vivant hors des conventions et de la rationalité,
à travers les tableaux grandioses du paysage cévenol.
Au moment de la révélation au grand jour de cet amour interdit, en présence d'Eléonore (l'amante légitime) et de sa fille, ce n'est pas le dénouement tant attendu qui se déroule sous nos yeux. En effet, la découverte de l'adultère n'annonce pas une déchéance des protagonistes ni même une véritable rupture, mais plutôt un nouveau départ qui relance le récit. En effet, l'autrice nous épargne les clichés de dispute éclatante voire d'agression pittoresque et ennuyeuse entre l'épouse et l'amante, ou entre l'homme marié et sa femme, ou bien entre les trois. Elle nous offre plutôt la mise en scène en plan séquence de plusieurs minutes, d'un dialogue subtil, posé et tendre, entre deux femmes, dont deux actrices de talent (Laure Calamy et Olivia Côte) endossent le rôle. Deux femmes qui se parlent et s'écoutent, l'une et l'autre, lorsque le principal intéressé n'apparaît ni dans le plan ni même hors champs et qu'il n'est pas forcément l'objet principal de l'échange. Il s'agit moins ici de deux femmes trahies (par un homme), qui perdent le contrôle de leur vie que de deux individu.e.s touché.e.s par une vague d’introspection.
C'est visiblement de cette discussion que
naît, chez Antoinette, le désir profond de faire de ce voyage le sien : elle
repart sur la route, seule, laissant sans explication ni ménagement, Vladimir
et sa petite famille. Caroline Vignal change complètement la donne avec le
personnage masculin du trio qui n'est plus moteur de l'action ni centre de
l'attention et qui se retrouve à son tour délaissé et abandonné par le récit
lui-même.
Plus encore, c'est une proposition de redéfinition des modalités relationnelles qui nous est proposée. L'amante déchue va croiser sur sa route plusieurs personnages clés. Ce seront souvent des femmes, qui endossent volontiers des rôles archétypés masculins (patron du bar ou de l'auberge du coin ou bien cow-boy solitaire) en s'émancipant des comportements masculins toxiques et en apportant leur aide respectueuse et désintéressée à la protagoniste principale, servant au passage de modèles inspirants. Elles se posent en figures féminines en pleine possession de leurs moyens, profondément libres et modernes.
Si elle croisera tout de même un homme,
avec qui elle passera la nuit (plus par pression sociale et par désespoir que
par réelle envie) ce sera plus pour servir sa quête de bien-être et d'estime de
soi que pour satisfaire le désir masculin une fois de plus. Elle le laissera
derrière elle, comme une étape de plus dans ce combat interne. C'est surtout le
dernier homme qu'elle croisera qui confirmera toute la réussite de son
parcours. Il sera le symbole de sa renaissance et de la fin du voyage. Leur
rencontre se fera sous le signe de la douceur, du consentement, du désir en
pleine conscience et de la liberté morale et physique.
A l'instar d'une Virginia Woolf, qui, il y a bientôt un siècle, cernait l'importance primordiale de posséder un espace à soi pour exister socialement et individuellement (A room of one's own, 1929), Caroline Vignal nous offre ici le voyage thérapeutique et émancipateur d'une femme d'aujourd'hui qui réussit à s'approprier le temps, l'espace et le récit.
Antoinette dans les Cévennes est un récit comique profondément féministe et novateur, un véritable pied de nez à la comédie romantique "mainstream" qui tend souvent à briller par sa désuétude...J'ai maté pour vous la série : Ragnarök ~ Laureline Chatriot
Ragnarök est une série Netflix, disponible
sur la plate-forme depuis le 31 janvier 2020. Création dano-norvégienne de six
épisodes (comptez entre 39 et 46 minutes par épisode), la première saison a été
produite par Adam Price, scénariste danois que l’on connait notamment pour la
série Borgen, une femme au pouvoir et
plus récemment pour Au nom du père,
diffusé en 2018 sur Arte. Quant à la réalisation, elle a été confiée à Mogens Hagedorn
(danois) et Jannik Johansen.
Ragnarök raconte l’histoire d’un adolescent
nommé Magne (David Stakston), fraîchement revenu à Edda, sa ville natale, avec
sa mère et son frère Laurits (Jonas Strand Gravli). Jeune homme solitaire, on
comprend rapidement que Magne a toujours été à part. Son retour dans la ville
va déclencher chez lui des capacités insoupçonnées, notamment une force
considérable (il arrive à lancer un marteau à plus de 5km, tout de même !). La
mort mystérieuse d’Isolde, une de ses camarades de classe, dans un accident de
parapente, pousse Magne a continuer les recherches entamées par son amie sur
l’impact environnemental de l’unique grosse industrie de la ville, dirigé par
Vidar Jutul, un homme influent et puissant. La famille Jutul ne passe
d’ailleurs pas inaperçue, puisque Ran Jutul, la mère n’est autre que la
directrice du lycée d’Edda. Leurs deux enfants, Saxa et Fjor (Herman Tommeraas,
que les fans de SKAM reconnaîtront comme l’acteur incarnant Chris dans cette
série et plus particulièrement la saison 1 et 2) font des parties des élèves
populaires de l’établissement. A mesure que Magne prend conscience de ses
aptitudes exceptionnelles et qu’il élève la voix contre la pollution
industrielle commise par l’entreprise Jutul, il devient une menace de plus en
plus sérieuse et tout va être mis en œuvre pour arrêter ses tentatives de
révélations.
Cette série est catégorisée dans le genre
« fantasy », car en effet, cela n’aura sans doute pas échappé aux
amateurs de mythologie ou même de Marvel, mais Ragnarök est souvent traduite
comme étant la fin du monde dans la mythologie nordique. La série est une
réécriture moderne du mythe de Thor, incarné dans la série par le personnage de
Magne. On retrouve d’ailleurs ses attributs majeurs : le marteau et la
force. Son frère Laurits a quant à lui tous les traits et le caractère taquin
de Loki. Les méchants de la série, la famille Jutul, se révèlent être des
géants survivants de la grande guerre qui avait opposé leur peuple à Odin, le
père de Thor. La série est donc, de prime abord, la réalisation de Magne en
tant que Thor et son combat contre les géants qui menacent de détruire la
terre. Sans donner des spoilers, la saison 2, dont le tournage a commencé en
septembre 2020 (pour mon plus grand plaisir !), s’annonce particulièrement
musclée !
Si les pouvoirs de Magne et les rituels très étranges des
géants sont très présents, d’autres sujets viennent s’entrecroiser au fil des
épisodes, faisant de Ragnarök une
série multithématique :
Vendue comme une série pour adolescents, les personnages
principaux sont bien évidemment des lycéens dont les préoccupations sont des
thèmes récurrents au fil des épisodes : amour, jalousie, entraide, soirées
et bandes d’amis, autant de sujets que tous les aficionados de SKAM
retrouveront également dans cette série.
Comme évoqué précédemment, Magne tente de révéler les
activités illégales de l’usine Jutul et les produits chimiques qu’elle rejette
dans la montagne et les cours d’eau aux alentours. Critique de la pollution
industrielle et cri d’alerte sur le réchauffement climatique, Magne se heurtent
à l’omerta pesant sur la ville, l’entreprise des Jutul étant la principale
source d’emplois du secteur, aux arrangements passés secrètement ainsi que la
détermination de chacune des parties pour arrêter l’autre. Magne/Thor, dans cette réécriture du mythe,
est donc le protecteur de la nature et plus largement de la terre, qu’il doit
sauver des actes destructeurs des géants.
Pour résumé, je donnerai la très méritée note de 4 sur 5 :
J'ai maté pour vous le film : Baby Driver ~ Monsieur S
Quand on me parle de chefs-d’œuvre au cinéma, je pense à Scarface de Brian DePalma, à Forrest Gump de Robert Zemeckis, à la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan, à Clockwork’s Orange de Kubrick, Goodfellas de Scorsese, bref que du cinéma anglo-saxon. Cette semaine j’ai découvert un film sorti en 2017 (la même année que Mother!) méritant d’être reconnu comme un chef d’œuvre mais aussi comme un des meilleurs films de la période 2010/2020 : il s’agit de Baby Driver.
Baby Driver, un long-métrage d’une heure et cinquante minutes, réalisé par Edgar Wright, connu pour la Blood and Ice Cream Trilogy, une saga comique (Shaun of The Dead, Hot Fuzz et The World’s End). La distribution est prometteuse : Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James, Jon Hamm, Jamie Foxx, Elza Gonzalez, Jon Bernthal ou encore Flea (bassiste des Red Hot Chili Peppers) et la chanteuse Sky Ferreira.
Résumer ce film en une seule phrase serait vous raconter tout le film… Alors il s’agit d’un jeune conducteur, nommé Baby et souffrant d’acouphènes. Il participe à des braquages en tant que chauffeur, tout en écoutant de la musique qui semble coller à la situation. Je ne peux pas faire mieux !
Nous avons
affaire à un film avec plusieurs genres : il y a du rire, de l’émotion, de
l’action, de la violence et surtout, de l’amour.
Pour ceux
qui ne connaissent pas l’univers du réalisateur, Wright est un habitué de
l’humour anglais et de la parodie. Dans Baby Driver, il y a à la fois du rire
et du drame : au fur et à mesure que le film progresse, on découvre l’histoire
de ce jeune chauffeur dont la musique est l’élément central. Et dès qu’il
s’agit de musique, Baby chantonne et tape les mains sur le volant.
Le principal thème de ce film, vous l’aurez compris, c’est bien évidemment la musique puisque Baby, addict à la musique, enregistre des phrases de personnes pour les enregistrer sur des cassettes-audio et en faire ensuite des mixages, des compositions musicales. C’est assez drôle de voir jusqu’où son inspiration peut aller ! La bande-originale du film est très intéressante, personnellement en tant que spectateur, j’ai dansé sur ces chansons tellement elles sont entraînantes. Quand je dis que la B-O est intéressante, c’est que les chansons suivent l’histoire du film, de même qu’il y a des chansons citées dans les dialogues mais elles ne sont pas diffusées : un exemple avec la scène où Debora (Lily James) et Baby (Ansel Elgort) parlent des chansons avec un titre de prénom. Debora n’en trouve que deux tandis que Baby lui, est imbattable. La musique évoque tantôt quelque chose de comique, avec un aspect joyeux et romantique. La musique a aussi son côté dramatique mais je ne vais pas trop en parler car je suis parfaitement capable de vous raconter la fin sans me rendre compte.
Edgar Wright
aime aussi intégrer des références cinématographiques dans ses films, et en
tant que réalisateur ET scénariste, il ne s’en prive pas. Par exemple, on voit
à un moment donné dans le film, une pizzeria qui a pour nom ‘’Goodfellas’’…
Vous aurez repéré ici le clin d’œil au film de Martin Scorsese. Il y a aussi le
couple de braqueurs, formé par Buddy (Jon Hamm) et Darling (Elza Gonzalez) qui
est une allusion directe au couple de criminels Bonnie et Clyde. On retrouve
d’ailleurs cette part d’intimité, de rébellion et d’amour fou à lier qui appuie
cette référence. Le réalisateur utilise, à un certain moment du film, la
technique du ‘’théâtre dans le théâtre’’, aussi appelé « mise en
abîme » : lorsque Baby regarde la télévision chez lui, en changeant
de chaîne, il tombe sur d’autres films comme Fight Club de David Fincher par exemple et donc nous même nous
regardons, dans le film, Baby regarder des films. Il y a aussi, si on peut
dire, une influence provenant de Pulp
Fiction de Quentin Tarantino : Baby fréquente un coffee shop et
rencontre sa future petite-amie. Plus tard dans le film, il y a une fusillade
dans ce coffee shop et… Je ne vous en dis pas plus !
Pour conclure cette partie de l’analyse, Edgar Wright aime bien jouer avec des références et des clins d’œil qu’on peut remarquer dans sa trilogie avec Shaun of the Dead, Hot Fuzz et The World’s End.
A propos de
l’esthétisme des plans de caméra, je n’ai pas grand-chose à dire. Les scènes
des courses-poursuites sont bien faites, vives et rapides mais le spectateur
peut être plus concentré sur la musique que l’action elle-même. De plus le jeu
des acteurs et actrices est drôle, charmant, émouvant et cela ne laisse
certainement pas indifférent le spectateur.
J’en arrive à la note que je donnerai pour ce film : 5 sur 5. C’est une histoire romantique, musicale, instrumentale, vive, violente, criminelle, dramatique, joyeuse… Bref, Baby Driver concentre absolument tous les genres que l’on peut trouver dans un film, considéré ici comme un chef d’œuvre. Etant moi-même un grand fan de musique, j’ai beaucoup aimé le fait qu’un réalisateur mette en lien l’histoire du film et la bande-originale. Ce n’est pas un film surfait, loin de là : le spectateur rit, est compatissant avec le personnage de Baby, haït ceux qui le maltraite et sa façon de travailler lors des braquages. Le spectateur est aussi actif pendant les scènes d’action, fasciné pendant les scènes entre Baby et Debora. Pour faire clair, le spectateur entre complètement dans ce film et son visionnage ne laisse personne indifférent ! Pour vous donner envie d’aller regarder ce film, puisque je le considère comme un très bon long-métrage : l’histoire est intrigante et malgré tout à un tas de péripéties, elle finit bien !
Que je vous donne envie (ou non) de regarder les longs-métrages que je critique, le meilleur moyen de vous faire propre avis, c’est encore d’aller voir par vous-même ! Revenez ensuite ici, qu’on discute dans les commentaires, si vous le souhaitez !
J'ai maté pour vous le film : mother! ~ Monsieur S
Pour une première publication,
voici un film qui a attiré l'attention de certains, notamment au festival de la
Mostra de Venise, puis à sa sortie dans les salles en 2017 : mother!
Un long-métrage de deux heures,
réalisé par Darren Aronofsky (Requiem for
a Dream, Black Swan), avec une
distribution d'acteurs et d'actrices assez intéressante : Jennifer Lawrence,
Javier Bardem, Ed Harris, Michelle Pfeiffer ou encore les frères Gleeson.
Si je devais résumer en une
phrase l'histoire de ce film : il s'agit d'un couple marié, vivant
tranquillement dans une grande maison au milieu des bois, jusqu'au jour où un
autre couple débarque, amenant avec eux un flots d’événements tragiques.
Nous avons à faire à une sorte de
thriller psychologique avec des éléments surréalistes (comme dans Black Swan),
où le réalisateur met en scène une forme morale et physique très violente.
Bizarrement, je ne suis pas si
étonné que Darren Aronofsky ait pu réaliser un long-métrage comme celui-là.
Je ne vous cache pas que j'ai eu
du mal à m'accrocher, car c'est le genre de film où tout commence calmement,
avec des petites actions proches de la vie quotidienne d'une personne normale.
C'est un peu comme dans les films de Michael Haneke, c'est-à-dire, l'intrigue
devient intéressante après la première demi-heure du film. Bref : c'est
long.
Remarque : l'esthétique visuelle
de Michael Haneke est mieux faite que celle de Darren Anorofsky. Car oui, s'il
n'y avait pas cette distribution à l'affiche, le film serait mauvais dans tous
les sens.
Beaucoup de personnes ont dit, à
l'époque, qu'il s'agissait d'un remake de Rosemary's
Baby de Roman Polanski : il peut y avoir une influence certes, mais ce
n'est pas un remake, loin de là ! Les scénarios sont complètement différents
l'un de l'autre. Ce n'est pas parce que dans deux films la protagoniste est
enceinte que c'est un remake. Le remake, pour vous donner un exemple concret,
c’est le Scarface de Brian De Palma en
remake du Scarface d'Howard Hawks,
sorti en 1932.
J'en arrive à la note que je donnerai
au dernier film (en date) de Darren Aronofsky : 3 sur 5. Malgré l'ambiance
lente, le très peu de musique présent, sans parler de certains bruitages
devenant vite désagréables pour les oreilles, il y a quand même un très bon jeu
des acteurs et des actrices, évoluant dans un monde malsain, violent et
égoïste.
Je ne vous donne peut-être pas
envie de regarder ce film mais le meilleur moyen de se faire son propre avis,
c'est d'aller voir par soi-même. Si vous avez des avis à donner, partagez-les
en commentaire et on pourra en discuter si vous le souhaitez.